« Je suis la vigne, vous êtes les sarments » dit Jésus en Jean 15. Là est la définition essentielle de ce qu’est un chrétien : quelqu’un de persuadé qu’il ne se donne pas la vie, qu’il la reçoit, qu’elle lui vient d’ailleurs, de Dieu, par Jésus.
La majorité des gens tentent de se faire par eux-mêmes, ils veulent l’autonomie, cherchent à ne dépendre de personne au nom de la liberté individuelle, le chrétien, lui, s’affirme fondamentalement dépendant.
Il ne prétend pas être supérieur en quoi que ce soit, au moins a priori. Les valeurs que l’on dit chrétiennes sont partagées par tous les hommes de bonne volonté qui s’efforcent dans leur sens. Le chrétien, du fait de sa foi, se sent un peu moins seul dans sa vie mais les secours qu’il en reçoit ne le dispensent pas de prendre la route tracée par Jésus avec courage et obstination. Rien de très évident pour lui.
Le chrétien se sait attaché à un tronc d’où lui parvient la vie. Cet élan ne lui est pas réservé, ceux qui vivent dans l’amour participent eux aussi de la vie divine, la différence est que lui le sait. « Mes bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Tous ceux qui aiment sont enfants de Dieu et ils connaissent Dieu » 1Jean 4, 7.
Le chrétien, comme ceux qui aiment, n’est pas greffé au cep comme le serait une rameau étranger il est né dessus et c’est sur lui qu’il grandit malgré la conscience de ne pas être constamment en phase avec la source d’où tout provient, sans craindre pourtant d’être abandonné bien qu’il en ait parfois l’impression. L’existence du chrétien est l’histoire, souvent à rebondissements, de ce rapport qu’il entretient avec sa source.
Il aimerait bien dire après Paul : « ce n’est plus moi qui vis c’est le Christ qui vit en moi » mais il n’ose pas toujours cette prétention. Pourtant c’est la vérité : le Christ est en nous comme la sève irrigue les sarments, comme le sang coule dans nos veines, nous faisons de la résistance ce qui ne l’empêche pas d’être présent en chacun.
« Dieu est amour : celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu en lui. » 1Jean 4,16. Cette habitation réciproque est la clef de voûte de la foi du croyant, sa raison d’être et son espérance au-delà de la mort.
Il est vrai que lors de la communion eucharistique nous avons une perception particulièrement aigüe de cette présence parce que c’est en église que nous la vivons. Mais elle n’est pas réservée à ces moments, parfois intenses. J’ai impressionné une paroissienne en disant que nous étions les « tabernacles de Dieu ». On ne l’avait jamais traitée de la sorte et elle était plutôt satisfaite de cette découverte ! La présence réelle ne se limite pas à l’hostie, c’est en nous que Jésus fait sa demeure.
En prendre conscience et en vivre est le gage d’une existence qui porte du fruit.