Un fou tue sept personnes et la France est en émoi ? Il n’est plus question que de cela sur les chaines de radio et de télévision, c’est le sujet de tous les propos de table et jusque dans les cours de récréation. Tout s’arrête, même la campagne électorale… ce qui est plutôt reposant !
Bien sûr que c’est tragique, surtout parce que des enfants ont été assassinés froidement, et je vais passer pour un sans-cœur si je prétends le contraire. Mais est-ce la seule information d’importance de la semaine pour la France et pour le monde ? Pourquoi un tel battage ?
Je ne suis pas un adepte de la théorie du complot mais cela devient une habitude de masquer les problèmes de fond de notre société par des annonces à grand spectacle. On monte en épingle des faits divers et, pendant ce temps, le chômage se développe, les inégalités grandissent, la misère gagne jusque dans nos pays et encore plus dans d’autres pays du monde. Nous sommes en pleine mutation, les conditions de vie changent en profondeur et on nous amuse en détournant notre attention vers des faits tragiques dont la gestion dépasse nos capacités. Devant les horreurs mises en scène on ne peut que perdre l’espérance et baisser les bras alors que des pistes d’action ne manquent pas qui nous rendraient responsables. Nous sommes invités à pleurer sur les malheurs du monde quand il faudrait trouver des pistes pour réagir.
Il est rare qu’on parle à notre tête, on essaye plutôt de nous toucher au cœur. On tente de nous émouvoir au lieu de nous aider à penser.
Marine est la spécialiste de ce fonctionnement : ses discours s’efforcent de remuer nos tendances les plus égoïstes de mettre en branle nos instincts primitifs. C’est pour cela qu’elle nous séduit dans un premier temps avec ses affirmations simplistes à l’évidence trompeuse. Il suffit de quelques minutes de réflexion pour que ses châteaux de cartes s’effondrent, mais combien prennent le temps de réfléchir pour sortir des simplismes enjôleurs ?
Elle n’est malheureusement pas la seule à tenter de nous avoir en tapant sur notre faculté à nous émouvoir. La campagne électorale nous paraît bien morne parce ce qu’elle se résume la plupart du temps à des luttes d’influence, à des problèmes d’images, à des rodomontades qui éludent les vraies questions. Elle voudrait nous faire croire que l’avenir de notre pays est tellement complexe qu’il vaut mieux nous en remettre à la loi des marchés et à la gestion chaotique de quelques apprentis sorciers surtout préoccupés de leur avenir propre et de celui de leurs proches.
Les mêmes courants existent dans l’église : "ne réfléchissez pas, priez simplement, arrêtez de vous poser des questions, remettez-vous en à Dieu, soumettez-vous à sa volonté et aux lois de la tradition ; il n’y a rien à changer ici-bas à part vos cœurs, réfugiez-vous devant le Saint Sacrement, laissez-vous prendre par les encens d’une belle liturgie, évadez-vous de ce monde où règne le Mauvais". L’attention aux frères, le souci des plus pauvres par lesquels Jésus vient jusqu’à nous, tout cela devient une matière à option surtout s’il faut chercher des solutions pratiques et globales.
Pensez mes frères, coupez la radio quand elle radote, éteignez la télé quand elle diffuse des images d’horreur en boucle, arrêtez-vous, relevez la tête, réveillez-vous du sommeil dans lequel on tente de vous maintenir, parlez entre vous, bougez-vous ! Le monde n’est pas aussi obscur qu’on veut bien vous le faire croire. Il existe des ouvertures dans lesquelles il est possible de s’engouffrer. Vous ne pouvez pas changer le monde radicalement… c’est entendu, mais faites au moins ce qui est à votre portée, vous allez voir, tout va changer !
